9 mai 2024
Il y a dix ans, un comité de parents des Îles-de-la-Madeleine s’est mobilisé autour d’un projet porteur : celui de créer une résidence où leurs enfants, maintenant grands, et qui affichent des besoins différents, pourraient s’épanouir dans leur propre logement. Leur but : leur offrir une vie indépendante et leur permettre de prendre pleinement part à la vie en communauté. C’est ainsi qu’est né le projet du Phare des Îles qui « offre la possibilité à des adultes présentant une déficience intellectuelle légère ou moyenne, une déficience physique, un trouble du spectre de l’autisme ou des limitations fonctionnelles permanentes, de vivre en appartement supervisé, dans un environnement sain et sécuritaire. »
Parmi ces parents qui se sont regroupés, Martine Martin, présidente du conseil d’administration du Phare des Îles, était préoccupée depuis longtemps par le sort de son fils, particulièrement en ce qui a trait à l’hébergement. Pour l’instant, aucune résidence aux Îles-de-la-Madeleine ne peut lui offrir une qualité de vie à la hauteur de ce qu’il mérite vraiment s’il veut vivre indépendamment de ses parents. Sa condition lui demanderait de vivre en ressource intermédiaire (RI) ou en CHSLD. À la question « Maman, quand est-ce que je vais l’avoir mon appartement? », elle et les autres parents ne pouvaient se résoudre à répondre que les conditions actuelles dans leur communauté ne le permettraient jamais à leurs enfants d’accéder à cet appartement tant désiré.
Martine Martin, présidente du Phare des Îles
Avoir un logement, c’est un droit fondamental. – Martine Martin
C’est donc d’arrache-pied qu’ils mènent depuis tant d’années ce projet de résidence qui verra enfin le jour prochainement. Les plans sont finalisés, les services ont été mûrement réfléchis. Ils préparent même activement l’arrivée de leurs « candidats », qui posséderont chacun leur propre appartement. C’est une fierté aux Îles, comme l’affirme Mme Martin, « Notre projet va changer la vie des gens. » La première pelletée de terre est par ailleurs prévue pour l’automne 2024 en vue d’une ouverture en 2025.
Par un concours de circonstances, la résidence a pu accéder à un terrain dans ce qui constituera l’écoquartier des Îles-de-la-Madeleine, en plein cœur de Cap-aux-Meules. Un autre projet porteur de sens dans la communauté. Les locataires de la résidence accéderont à toute une vie de quartier enrichissante. Ils feront partie à part entière de cette communauté : les commerces seront à proximité, des pistes piétonnières et de vélo seront aménagées tout près. Dans cette communauté insulaire, tous se connaîtront dans ce quartier. De quoi rendre encore plus attrayante cette résidence tant désirée.
D’un côté de la résidence se situera une école de cirque et de l’autre des 24 appartements de type habitations à loyer modique (HLM), un autre projet d’habitation sociale et communautaire. Ce sera assurément un milieu de vie dynamique dont toute la communauté des Îles pourra profiter.
Le Phare des Îles sera par ailleurs la première construction à voir le jour dans cet écoquartier qui se déploiera en cinq phases. C’est lui qui donnera le coup d’envoi au projet. Le Phare peut jouir d’un bail emphytéotique de 50 ans, lui donnant à peu de choses près accès à la pleine jouissance de son terrain pour très longtemps.
Luc Roby, gestionnaire de projet de l’écoquartier des Îles, fait part d’enjeux de construction liés à l’insularité que d’autres sur le continent, comme au Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, ne rencontrent pas. De quoi ralentir quelque peu la réalisation du projet. Ils y travaillent maintenant depuis 2018 et les prétravaux vont bon train. Malgré tout, ils ont dû affronter des enjeux avec la composition des sols, la nappe phréatique, la très coûteuse gestion des résidus qui doivent être acheminés par barque jusqu’au Nouveau-Brunswick, la gestion du ruisseau qui traverse actuellement les terrains du futur écoquartier et le manque de terrains aux Îles-de-la-Madeleine pour relocaliser les propriétaires dont les bâtiments ont été acquis pour créer ce quartier de toutes pièces.
Maintenant que la construction du Phare des Îles est annoncée, il est grand temps de préparer les locataires à leur nouvelle vie indépendante. Tout un programme d’adaptation a été préparé pour les familles afin que l’intégration se fasse toute en douceur et qu’elle puisse finalement être « réussie » pour les résidents. C’est que ces adultes aux besoins particuliers ne savent par exemple pas tous faire leur lavage ou bien comment magasiner ou gérer leur épicerie, ou même ne possèdent pas toutes les compétences sociales requises par la vie en communauté, par exemple. Avant le grand départ de leur chez-soi actuel, ils devront en tout, ou du moins partiellement, acquérir ces compétences.
Le salon communautaire du Phare des Îles
C’est ainsi que les futurs locataires de la résidence prendront bientôt leur envol. Ils seront accompagnés du personnel du Phare dans toutes les sphères pour leur donner accès à une vie pleine et entière. Martine Martin a déjà hâte à la montée du premier mur et à la visite du chantier avec les candidats, comme elle les appelle. Ils verront et comprendront concrètement ce qui les attend. En attendant, la présidente se réjouit que le rêve qu’elle partageait avec une foule de parents se réalise enfin. Au prix de plusieurs efforts étalés sur une décennie, ces parents y sont arrivés. Des adultes à part entière qui méritent un milieu de vie digne, stimulant et à la hauteur de leur moyen habiteront prochainement cette résidence significative pour bon nombre de Madelinots et Madeliniennes.
